Voici un extrait d’une œuvre de Fiodor Dostoievsky, publiée en 1864, Notes d'un souterrain, où l’auteur dissèque ce qu’est un homme normal. Evidemment l’analogie avec François Hollande qui revendique vouloir être un président normal m’a sauté aux yeux. Mais Dostoiesvky oppose l’homme normal, qu’il définit comme l’homme d’action, à l’homme de conscience qui ne peut être un homme d’action « Car le fruit direct, légitime, immédiat de la conscience, c’est l’inertie, c ‘est le croisement-de-bras-délibéré…je le répète, je l’archi-répète : si tous les hommes directs et les hommes d’action sont actifs, c’est précisément parce qu’ils sont obtus et bornés. »

Une question s’impose : François Hollande est-il un homme d’action (normal) ou un homme de conscience ? M.V.

« …cet homme spontané que je considère comme l’homme le plus normal, tel que l’imaginait sa tendre mère - la nature - quand elle le mit au monde. Cet homme-là, j’en suis jaloux jusqu’à m’en faire tourner la bile. Il est idiot, nous n’en discuterons pas, mais qui vous dit qu’un homme normal ne devrait pas être un idiot ? Je suis d’autant plus convaincu de ce soupçon que si vous prenez, par exemple, l’antithèse de l’homme normal, c’est-à-dire l’homme à la conscience accrue, il arrive à cet homme de s’aplatir si fort devant son antithèse qu’il se ressent lui-même, le plus sincèrement du monde, avec toute sa conscience accrue, comme une souris, et non plus comme un homme. Une souris à la conscience accrue, peut-être, mais une souris, et là, elle voit un homme. Observons à présent cette souris en action. Supposons, par exemple, qu’elle aussi, elle a été humiliée (elle est humiliée presque perpétuellement) et qu’elle aussi, elle désire se venger. Elle accumule une rage encore plus grande que l’homme de la nature et de la vérité. Le petit désir mesquin et moche de rendre à l’offenseur la monnaie de sa pièce la ronge de l’intérieur, peut-être, d’une manière plus sale encore qu’il ne le fait chez l’homme de la nature et de la vérité, car l’homme de la nature et de la vérité, avec son idiotie congénitale, estime que sa vengeance n’est qu’une oeuvre de justice ; mais la souris, à cause de sa conscience accrue, la nie, cette justice. Nous en venons enfin à l’acte en tant que tel, à la vengeance proprement dite. La malheureuse souris, en plus de sa saleté originelle, subit les crachats que lui envoient les hommes d’action spontanés qui, l’entourant gravement comme ses tyrans ou ses juges, la couvrent, riant à gorge déployée, de ridicule. Bien sûr, il ne lui reste plus qu’à faire un petit geste d’impuissance avec sa patte, à s’affubler d’un sourire méprisant auquel elle ne croit pas elle-même et à filer la queue basse jusqu’à son trou. » (extrait

Fiodor Dostoievsky

dostoievsky